Feu Jan Aleksander Herman
Jan Aleksander Herman

Feu Jan Aleksander Herman

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« L’Université Laval ne comptait à ce moment que 6 000 étudiants, et sa faculté de génie se trouvait sur le boulevard de l’Entente dans le quartier Saint-Sacrement, où j’ai commencé à enseigner. »

Un legs qui donne du sens

De Varsovie à Québec, Jan Aleksander et Kazimiera Herman ont vécu une histoire édifiante qui a préparé le terrain à la générosité.

Soutenir financièrement des étudiants étrangers inscrits à la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval, tel est le souhait que Jan Aleksander Herman et feu son épouse Kazimiera ont voulu concrétiser en léguant une grande partie de leur patrimoine à l’Université Laval, par l’entremise du programme Les Cent-Associés.

Le couple a ainsi créé le Fonds de bourses Jan-Aleksander-et-Kazimiera-Herman, qui représente beaucoup plus qu’un legs monétaire. En effet, derrière chaque bourse qui sera financée se cache l’histoire inspirante de cet homme et de cette femme, fervents de science et déterminés à poursuivre leurs études universitaires malgré les nombreux obstacles que la Deuxième Guerre mondiale a fait surgir. L’accès à des bourses d’études leur ayant donné des ailes, M. et Mme Herman ont voulu en donner aussi aux jeunes animés du même feu.

 

Pologne, Belgique, Québec

Tous deux d’origine polonaise, lui professeur de chimie à l’Université Laval de 1957 à 1994 et elle, assistante de recherche au même département de 1958 à 1986, leur histoire remonte à 1939, au moment où l’Allemagne a envahi la Pologne.

« L’année scolaire 1939-1940 n’a existé pour personne en Pologne, car dès le début de la guerre, toutes les écoles furent fermées. En 1940, des écoles de formation professionnelle virent le jour afin de former des jeunes techniciens au profit du secteur industriel allemand », se souvient M. Herman. Il a donc suivi un cours en métallurgie et fonderies mais, comme beaucoup d’autres jeunes résistants, a choisi de demeurer en Pologne.

En 1943, il obtient un emploi à Varsovie, ce qui lui permet de payer ses cours de mathémati­ques dans une université clandestine. Il a alors la chance d’avoir comme professeurs d’éminents mathématiciens tels que Waclaw Franciszeck Sierpinski, médaillé d’or de l’Université de Varsovie pour son essai sur la théorie des nombres, et Andrzej Mostowski, reconnu notamment pour sa théorie des ensembles avec atomes.

« Des universités clandestines s’étaient développées en Pologne, raconte-t-il. Les cours se donnaient le soir, à des petits groupes d’étudiants, mais étaient sévèrement punis par les Allemands: les professeurs risquaient la peine capitale et les étudiants étaient envoyés en prison en Allemagne ou dans des camps de concentration ».

À la suite de l’insurrection de Varsovie, le 1er août 1944, M. Herman est fait prisonnier et amené dans le camp Stalag Mühlberg, en Saxonie (Allemagne). À la fin de la guerre, il est transféré dans un camp de réfugiés, à l’Ouest, dans une zone occupée par les alliés. Enfin, la liberté! On l’informe alors de l’existence d’un programme de bourses financé par le Fonds de l’armée polonaise en Angleterre et par l’État belge pour les Polonais désireux d’entamer ou de terminer leurs études universitaires en Belgique.

M. Herman s’est donc inscrit à l’Université catholique de Louvain en 1945 et a bénéficié de cette bourse qui correspondait à 2 000 francs belges (20 $) par mois.

Ce fut une période heureuse, évoque-t-il, marquée par sa rencontre avec Kazimiera, qui deviendra son épouse en 1951. Tous deux ont vécu le même parcours, mais le hasard a voulu que leurs destins se croisent sur les bancs de cette université. Ils ont tous les deux obtenu leur diplôme de docteur en sciences, spécialisé en chimie, et ont travaillé durant six ans dans un institut de recherche à Bruxelles. « L’Université de Louvain était très généreuse : elle a payé pour nous les frais d’inscription, qui étaient environ de 4 000 francs belges par semestre. C’est là que j’ai eu mon premier contact avec l’aide financière aux études.»

En 1957, il obtient donc un poste de professeur de chimie à l’Université Laval et s’installe au Québec avec son épouse. « L’Université Laval ne comptait à ce moment que 6 000 étudiants, et sa faculté de génie se trouvait sur le boulevard de l’Entente dans le quartier Saint-Sacrement, où j’ai commencé à enseigner. Nous sommes en 1957, à l’aube de la Révolution tranquille et du développement des universités ».

 

Redonner au suivant

Ayant bénéficié d’une aide financière durant ses études en Belgique, le couple a été sensible aux soucis pécuniaires qu’éprouvent plusieurs étudiants étrangers. M. Herman et son épouse ont posé ce geste philanthropique afin de redonner au suivant. Ils sont fiers de l’Université où ils ont fait carrière, de son département de chimie et des étudiants qui y sont formés. « Nous avons pensé laisser un legs qui donne un sens à notre histoire commune et nous survivra. »

Toujours porteur du feu sacré, M. Herman termine l’entrevue, un brin nostalgique : « Si j’étais jeune, j’aimerais bien refaire ce chemin d’études. Quand on y songe, la période des études à l’université est très agréable… surtout si elle n’est pas clandestine », ajoute-il avec une pointe d’humour.

Ce portrait a été publié en 2015 dans le Magazine Contact, anciennement une plateforme d’échanges entre l’Université Laval, ses diplômés et ses donateurs.

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