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Bruno Bourassa

Bruno Bourassa

Au sortir du doctorat, il a 32 ans et a la chance de décrocher tout de suite un poste de professeur à la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke au département de pédagogie (volet éducation des adultes). Deux ans plus tard, il quitte cette institution et cette belle région avec un pincement au cœur. « Que voulez-vous, difficile de résister à l’appel de l’amour! », soulignera-t-il avec un sourire en coin… Il obtient un poste en sciences de l’orientation à l’Université Laval à la Faculté des sciences de l’éducation, où il s’engagera à fond dans différentes fonctions au cours des 26 années suivantes (enseignement, recherche, direction de programmes, accompagnement de collègues au SPUL, personne-référence à la formation continue…). « Ici aussi, j’ai eu le plaisir et le privilège de rencontrer des collègues qui ont été très attentionnés à mon endroit. Ils ont grandement facilité mon intégration, mais aussi ma progression en carrière. C’est capital! Particulièrement pour survivre dans ce contexte universitaire où un climat de forte compétition s’est installé au cours des 30 dernières années. »

Son parcours

Rédigé par Véronique Hébert

Quel bonheur que de partir à la rencontre des membres de la FSÉ. Pour cette entrevue, j’ai eu la chance de passer un agréable moment avec un homme doté d’une grande détermination, d’un sens de l’humour incroyable et d’une volonté de fer. Voici l’entrevue réalisée avec Bruno Bourassa. 

À quel endroit êtes-vous né?

« Je suis né à Saint-David-de-L’Auberivière : j’insiste! (rire) Juste en face de Québec, maintenant appelée Lévis depuis la fusion des villes. J’y ai passé mon enfance et la majeure partie de mon adolescence. J’ai été très actif dans les activités de l’OTJ (œuvre des terrains de jeux), les activités sociales en général et au hockey l’hiver. C’était une petite ville de 4000 habitants très dynamique avec des relations tissées serrées. On se voyait à l’église, à l’école, à l’épicerie, à la quincaillerie, à la tabagie, au terrain de jeux… »

Parlez-moi de votre enfance…

« Outre la vie à l’école qui était particulièrement pénible — j’y reviendrai —, j’ai eu une très belle enfance. Je suis issu d’une famille ouvrière. Mon père était un homme présent, généreux et extrêmement vaillant. Il apprit dès l’âge de 12 ans le métier de boucher et il livrait aussi la viande d’une résidence à l’autre, avec un cheval et une glacière… Il travaillera par la suite au chantier maritime de Lauzon toute sa vie adulte, mais continuera tout de même d’occuper un poste de boucher à temps partiel la fin de semaine, et cela pendant quelques années. Ma mère était à la maison; une maman aimante, attentionnée et à son affaire. J’ai également une sœur cadette de qui je suis très proche. La vie avec la famille élargie était aussi bien importante, avec mes grands-parents, mes tantes et mes oncles. Je fais partie des chanceux qui ont été entourés par des adultes bienveillants et par plusieurs amis ».

Bruno Bourassa enfant
Bruno au primaire, l’enfant sage et rêveur

Bruno dit qu’il était un enfant distrait, un peu rêveur, anxieux, avec des difficultés d’apprentissage assez importantes. Aujourd’hui, ajoute-t-il, on lui aurait sûrement diagnostiqué un trouble de déficit de l’attention sans hyperactivité. Il affichait une petite « grouillotte » assez subtile, mais son comportement était plutôt exemplaire. « Je n’ai pas beaucoup changé, » me confie-t-il avec un petit clin d’œil.

Pouvez-vous me donner plus de détails sur votre cheminement scolaire et des faits marquants liés à l’éducation?

Bruno en a passablement arraché sur le plan académique autant au primaire, au secondaire qu’au collégial. Après une ou deux rencontres avec un premier conseiller d’orientation en secondaire 5, perplexe, celui-ci lui suggère de se diriger vers une formation en soudure ou en réfrigération… Éclat de rire de ce dernier, mais il en parle sans sarcasme ni amertume. Même si à ce moment ses aspirations sont encore nébuleuses, il ne se reconnaît pas du tout dans ces métiers, dont il admet par ailleurs la valeur. Puis, lors d’une conversation d’une dizaine de minutes dans un cadre de porte avec un second conseiller d’orientation, celui-ci sonde rapidement ses intérêts et lui propose autre chose. Ses suggestions auront une influence déterminante dans sa trajectoire personnelle et professionnelle. Il lui parle de relation d’aide et de la technique en éducation spécialisée au Cégep de La Pocatière. Le programme étant moins contingenté qu’ailleurs en province, son dossier académique est alors moins susceptible de le pénaliser. Il fonce, déterminé à dépasser sa condition. Le Cégep l’admet d’abord en sciences humaines. Il se fait prendre au jeu. Il aime beaucoup son expérience des premières semaines au point de refuser l’offre qui lui sera faite d’intégrer la technique d’éducation spécialisée, même s’il avait demandé à être placé sur une liste d’attente. Il habite une chambre en résidence étudiante et me raconte qu’il fait durant cette première année la route aller-retour sur le pouce, entre la maison familiale et La Pocatière, pour revenir la fin de semaine travailler et voir sa famille. Il poursuivra cette formation la deuxième année au Collège de Lévis. Débrouillard, Bruno sait que ses économies pourront contribuer à payer en partie cette année au privé. Sociable et enjoué, il reconnaît avoir cette capacité à créer rapidement des liens. Il se sent donc vite intégré à ce nouveau milieu. Il fait notamment la rencontre de Martin dès son arrivée, puis celui-ci l’invite à rejoindre l’équipe de football, voyant sa carrure et sa ferveur pour les sports. Cette rencontre sera marquante, car c’est cet ami qui le convaincra d’aller étudier avec lui à l’Université de Sherbrooke l’année suivante.

Après avoir traversé péniblement ces années d’études depuis le primaire, Bruno est accepté à l’Université de Sherbrooke en philosophie où il complète une mineure. « J’ai adoré! Plus de par cœur! J’avais le temps de lire et d’apprendre à réfléchir et à écrire. Ç’a été une école très importante pour moi : exigeante, mais formatrice ». Il hésite beaucoup avant de quitter la philosophie, mais la relation d’aide continue de teinter fortement ses ambitions. Il fait alors le saut en psychoéducation, où le dernier de classe qu’il avait été se retrouvera dans le peloton de tête. Certains le qualifieront d’ailleurs de premier de classe ou de « bollé », ce qui le fait encore bien rire.

Bruno Bourassa adolescent
L’adolescent déterminé

Selon Bruno, ces difficultés scolaires ont joué un rôle très important dans sa vie et particulièrement dans ce qui allait devenir sa VOIE sur le plan professionnel. « Je pense que ce vécu m’a rendu très sensible aux aléas de la condition humaine et a éveillé en moi le goût de mieux comprendre la manière dont nous nous construisons, le rôle que jouent les interactions sociales dans nos existences conjuguées, ainsi que l’influence de nos expériences de bonheur et de souffrance sur l’évolution de nos processus adaptatifs. En corollaire, j’en suis aussi venu à constater l’importance de l’éducation, de la relation d’aide, de la recherche et de ma contribution possible en ces domaines ».  

À partir de ce moment, sa vie prend une tout autre tournure. Dès la première année de bac en psychoéducation, on lui propose de faire un stage d’observation et d’exploration. « Vu ma stature, encore une fois, on m’invite à réaliser cette expérience en centre de réadaptation, plus précisément en unité fermée, auprès de jeunes ayant commis des actes délinquants importants. On est en 1981. Je n’étais pas particulièrement chaud à l’idée. Le milieu de la délinquance n’était pas mon premier choix ». Il y prend cependant goût et on lui offre même de la suppléance comme éducateur dès la fin du premier trimestre en décembre. Il continuera de travailler à cet endroit, à temps partiel et à temps plein, jusqu’en 1990. Durant ces années, et pour arrondir les fins de mois, il est aussi embauché par le CHUS dans le secteur de la pédopsychiatrie auprès d’enfants affichant des problèmes importants de santé mentale.

À la fin du bac, en 1984, Bruno s’inscrit à la maîtrise avec l’idée en tête d’essayer de mieux comprendre les possibilités qu’offrent les approches systémiques et familiales pour enrichir l’aide apportée à ces jeunes qu’il côtoie au quotidien. Et là survient un autre moment déterminant! Les membres de la direction du centre de réadaptation lui offrent l’opportunité de participer à une formation clinique sur ces approches, pour qu’il puisse éventuellement être celui qui formera d’autres de ses pairs dans la même institution. « J’ai 23 ans. Je me sens choyé. J’accepte, mais avec un doute certain quant à mes capacités de pouvoir bien remplir cette mission. Je réaliserai toutefois ce travail avec le plus grand des plaisirs. Je venais alors de me découvrir une autre passion : l’enseignement! »

Ayant eu vent des retombées de cette expérience, la direction des programmes en adaptation scolaire de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke demande à le rencontrer pour donner un cours en troisième année de bac intitulé « Difficulté d’apprentissage III », selon la perspective systémique. « Un cours sur les difficultés d’apprentissage… un peu ironique, non! Moi qui avais toujours été considéré comme un élève en difficulté… Je suis alors sur le point de fêter mes 25 ans, ce qui me distanciait très peu de la trentaine d’étudiants qui seraient en classe, assis devant moi ».  

Bruno accepte, mais avec une trouille plus vertigineuse, celle-là. Cette expérience jouera évidemment, elle aussi, un rôle crucial dans sa vie. Petite parenthèse. Avec une grande humilité (il ne voulait d’ailleurs pas que j’en parle), il me confie qu’au bal de fin d’année de ce premier groupe à qui il a enseigné, les étudiants l’invitent pour la soirée. Une immense surprise l’attend lors de son entrée en salle. On l’accueille avec une ovation, suivie de nombreux messages de remerciements. Moment mémorable dont le souvenir le touche encore aujourd’hui. Ce cours ayant connu un succès dépassant ses espérances, il sera invité ensuite à donner plusieurs autres cours en adaptation scolaire, en psychoéducation, en psychologie, en éducation physique et même en éducation spécialisée au Cégep de Sherbrooke. Eh oui, l’éducation spécialisée qui curieusement revenait à l’agenda, mais tout à fait autrement… On est bien loin de la soudure et de la réfrigération, jadis envisagées comme planche de salut.

Durant cette période, il commence sa formation de chercheur dans le cadre de la maîtrise, mais il poursuit aussi sa formation clinique en approche systémique, en thérapie stratégique et en hypnose clinique. Il agit d’ailleurs comme psychothérapeute durant quelques années.

Pouvez-vous me parler d’une personne qui a grandement influencé votre carrière?

Instantanément, il me parle de Fernand Serre, un mentor et un ami précieux pour lui. Ce professeur d’expérience recourra à ses services comme auxiliaire d’enseignement dans le cadre de cours sur la psychosociologie des groupes et aussi sur l’apprentissage adulte. Leur collaboration s’étendra sur plusieurs années et les amènera à élaborer et à assumer plusieurs activités de formation et même de consultation à l’extérieur de l’université.

« Ce sera Fernand qui m’incitera fortement à réaliser des études doctorales en vue de faire éventuellement carrière comme professeur d’université. Ce scénario qui était bien loin de mes aspirations en d’autres temps apparaissait alors comme une éventualité réaliste. Après avoir hésité un peu, je me suis lancé dans l’aventure ».

Déterminé, il complète son doctorat en 3 ans et 3 mois à l’Université de Montréal en psychopédagogie. Il n’est pas question pour lui de laisser traîner les choses. Il veut apprendre à faire de la recherche, mais revenir vite et de manière régulière à cet enseignement qui le passionne tant. Ce processus doctoral est toutefois particulièrement déstabilisant pour lui. Alors qu’il s’était plutôt campé dans une trajectoire de clinicien-enseignant, il devait repenser ses ambitions. Devenir chercheur de carrière n’était pas ce qui l’attirait le plus à l’époque. Par ailleurs, il voit tout de même là une occasion d’ajouter d’autres cordes à son arc.

Au sortir du doctorat, il a 32 ans et a la chance de décrocher tout de suite un poste de professeur à la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke au département de pédagogie (volet éducation des adultes). Deux ans plus tard, il quitte cette institution et cette belle région avec un pincement au cœur. « Que voulez-vous, difficile de résister à l’appel de l’amour! », soulignera-t-il avec un sourire en coin… Il obtient un poste en sciences de l’orientation à l’Université Laval à la Faculté des sciences de l’éducation, où il s’engagera à fond dans différentes fonctions au cours des 26 années suivantes (enseignement, recherche, direction de programmes, accompagnement de collègues au SPUL, personne-référence à la formation continue…). « Ici aussi, j’ai eu le plaisir et le privilège de rencontrer des collègues qui ont été très attentionnés à mon endroit. Ils ont grandement facilité mon intégration, mais aussi ma progression en carrière. C’est capital! Particulièrement pour survivre dans ce contexte universitaire où un climat de forte compétition s’est installé au cours des 30 dernières années. »

Quelle réalisation professionnelle vous rend le plus fier?

« Avoir réussi à faire modestement ma place dans chacun de ces milieux de travail et avoir généralement été apprécié par mes pairs, mes étudiants et aussi des personnes accompagnées dans mes expériences antérieures de clinicien ».

Il me mentionne aussi son bonheur d’apprendre et d’agir comme passeur. « Avoir eu la chance de transmettre ce que j’avais pu cumuler comme expérience et connaissances. J’ai été un travailleur assidu en recherche, mais je pense que c’est l’influence que j’ai pu avoir auprès des étudiants ou d’adultes en formation continue qui suscite en moi le plus de gratification ».

En terminant, il me mentionne sa fierté d’avoir obtenu un certain droit de cité en milieu académique, ce qui n’était pas gagné d’avance lorsqu’on repense à son passé scolaire.

Pour conclure, quels sont les loisirs qui vous occupent et que représente la philanthropie?

Bruno mentionne que l’activité physique a toujours occupé une place importante dans sa vie. Malgré des périodes très intenses sur le plan professionnel et familial, il a su préserver ces temps précieux pour bouger et se tenir en forme. Vous l’avez peut-être même croisé dévalant les marches du PEPS le midi, participant activement à des sessions d’entraînement en groupe ou encore s’adonnant à des sports de raquettes. Les promenades en nature et la pêche en particulier sont des moments méditatifs privilégiés, qui lui permettent aussi de décrocher.

Il termine l’entrevue en me parlant de générosité : « La philanthropie pour moi c’est simplement le sens de l’autre, le don et l’entraide sous différentes formes. C’est donner, mais c’est aussi redonner alors qu’on a pu profiter de ce type d’attention et de bienveillance dans notre propre parcours de vie. C’est la conscience du bien commun et c’est aussi le souci d’accueillir la différence ». 

L’entrevue tire déjà à sa fin avec cet homme généreux qu’Anabelle Viau-Guay, vice-doyenne, m’avait suggéré de rencontrer pour une entrevue. Bruno m’a fait réaliser à quel point la persévérance scolaire, la curiosité et une volonté de fer peuvent faire toute la différence.

Dès notre premier contact, il a tenu à préciser qu’il acceptait volontiers de se prêter à l’exercice, mais avec une intention particulière. Pour lui, il s’agissait moins de vanter les mérites d’une certaine ascension, que de faire en sorte que son expérience puisse éventuellement influencer positivement de ces enfants, de ces adolescents ou même de ces adultes aux prises avec ces difficultés d’apprentissage qui font douter du trésor qu’ils portent en eux.

Merci de m’avoir permis ce voyage dans le temps en ta compagnie! 

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