Ingénieur et homme d’affaires audacieux, Pierre Viger a participé à bâtir le Québec que l’on connaît, du Stade olympique au pont Pierre-Laporte. Fidèle donateur depuis 1971, il a soutenu de nombreuses causes à l’Université Laval, autant en arts, en éducation qu’en entrepreneuriat., C’est plus d’un million de dollars qu’il a offert à son alma mater, devenant ainsi le 64e membre du programme philanthropique Les Cent-Associés.
Un appel fondateur
Tout a commencé par un simple coup de téléphone. Son oncle, de Montréal, qui vendait du ciment dans la région, l’invite à visiter une usine de béton préfabriqué. Pierre Viger, alors étudiant en quatrième année de génie civil à l’Université Laval, accepte sans trop savoir que ce moment allait orienter toute sa vie. « C’était un domaine nouveau et très intéressant. Il n’y avait rien de tel à Québec, raconte-t-il. Et moi, je savais que je serais entrepreneur, je ne voulais pas travailler pour les autres. » Nous sommes au tournant des années 1960. Le Québec bouillonne d’idées, d’énergie, de projets, et le jeune Pierre se reconnaît dans cette effervescence.
L’aventure Vibrek
À l’Université Laval, Pierre Viger trouve sa place dans ce monde en transformation. Lorsqu’il apprend l’existence d’une bourse offerte par Électricité de France à des étudiants en génie électrique, il saute sur l’occasion. « J’ai su que dans la construction des barrages hydroélectriques, il y avait du béton précontraint. J’ai réussi à obtenir une place et je suis parti pour l’été en France… par bateau! »
Ce séjour d’études spécialisées lui permettra de perfectionner ses connaissances avant de revenir à Québec et terminer sa maîtrise en génie civil, en 1965. Cette même année, il fonde Vibrek Inc., spécialisée dans le béton précontraint et préfabriqué. « À l’époque, c’était risqué, se souvient-il. Dans ma famille, l’entrepreneuriat n’était pas valorisé, ça ne faisait pas partie de notre héritage. Mais moi, j’y croyais. Il fallait aller à contre-courant. »
L’Université comme première chance
L’histoire veut que son premier grand contrat lui soit justement confié par l’Université Laval. « Il s’agissait des planchers et du toit de la Faculté de médecine, dit-il. Ils m’ont fait confiance, car c’était un gros contrat pour un jeune entrepreneur. » Le lien entre Pierre Viger et son alma mater s’enracine là. Suivront la tour des sciences de l’éducation, la Faculté de droit, puis le PEPS, à la fin des années 1960, qui deviendra un modèle de construction ayant respecté délais et budgets.
En tout, ce sont six structures sur le campus qui utiliseront les produits de Vibrek. « Je veux remercier l’Université Laval, car j’ai beaucoup aimé mes années d’études et elle m’a beaucoup aidé à mes débuts », confie celui qui y a également donné des cours de statique graphique en architecture. « Ne me demandez plus de vous expliquer ce que c’est! », ajoute-t-il avec humour.
De Québec au Stade olympique
Dix ans après sa fondation, Vibrek atteint les plus grands chantiers à Québec : le béton de l’autoroute Dufferin-Montmorency et des poutres de 105 pieds du Pont Pierre-Laporte portent aussi sa marque. Celle-ci deviendra plus vibrante que jamais grâce aux Jeux olympiques de 1976 à Montréal. Vibrek obtient un contrat pour la fabrication de quelque 2 000 pièces composantes pour le Stade olympique, dont certaines pèsent 134 tonnes. C’est une consécration.
Après des années de croissance, Pierre Viger vend son entreprise, mais demeure président. À la suite de fusions et d’acquisitions, il deviendra premier vice-président de Ciment St-Laurent pour le Québec et les Maritimes.
Un demi-siècle d’engagement philanthropique
Derrière le bâtisseur se profile le passeur. Pierre Viger n’a jamais cessé d’encourager la relève et d’investir dans l’avenir de l’Université Laval. Depuis son tout premier don en 1971, il a multiplié les gestes de générosité avec une fidélité remarquable et une rare humilité.
Soulignons notamment son soutien pour des bourses de retour aux études pour celles et ceux qui se réorientent vers l’enseignement, des bourses pérennes à la Faculté de musique, pour le laboratoire Grandeur Nature de la professeure Caroline Bouchard et son appui au projet Louise Viger, en hommage à son épouse décédée, qui était artiste et conceptrice de projets d’intégration des arts en architecture. C’est d’ailleurs en mémoire de Louise que Pierre Viger accorde une importance particulière aux domaines artistiques et culturels. Enfin, il soutient les jeunes entrepreneurs sur le campus qui comme lui voient grand, pour qu’à leur tour, lorsqu’ils auront réussi, ils redonnent à la communauté.
Son engagement dépasse même les dons. Il a aussi été membre du conseil d’administration de La Fondation de l’Université Laval à partir de 1992, puis président du conseil au début des années 2000.
Pourquoi tant de générosité, tant d’années durant? Il répond simplement : « L’éducation, c’est vital. » Pour lui, une université, c’est bien plus qu’un lieu de savoir, c’est le moteur d’une société. « Beaucoup de gens qui réussissent et contribuent à la société ont bénéficié de l’éducation supérieure. Il faut insuffler ce sens de la gratitude », affirme Pierre Viger.
