Urgentologue, doyen de la Faculté de médecine pendant huit ans et bédéiste de talent, il devient le 61e membre des Cent-Associés de l’Université Laval.
Le 28 août dernier, le pavillon d’enseignement de la médecine de Lévis s’est transformé en lieu de célébration à l’occasion d’une cérémonie en hommage à Julien Poitras et à son geste philanthropique inspirant.
Ce lieu n’avait pas été choisi au hasard. Aboutissement d’un projet auquel il a lui-même contribué, le nouveau pavillon incarne cette volonté, à la Faculté de médecine, de favoriser le recrutement d’étudiantes et d’étudiants en région, et de former des médecins plus proches des communautés qu’ils serviront. Avant le début de la soirée, les convives ont d’ailleurs eu droit à une visite guidée des espaces emblématiques de ce pavillon.
À la croisée des arts et de la médecine
Urgentologue au Centre hospitalier affilié universitaire Hôtel-Dieu de Lévis du CISSS de Chaudière-Appalaches, Julien Poitras a dirigé la Faculté de médecine durant deux mandats et a fondé la maison d’édition Moelle Graphik. Chez lui, l’art et la médecine se nourrissent mutuellement.
Cette double passion a traversé toute sa vie. Elle marque également le sens de son don : un legs exceptionnel d’un million de dollars, réparti entre la Faculté de médecine et la Faculté d’aménagement, d’architecture, d’art et de design.
La responsabilité sociale au cœur de l’engagement
Tout au long de son décanat, Julien Poitras a cherché à rendre les études en sciences de la santé plus accessibles. Comme philanthrope, il poursuit cette promesse, donnant à des initiatives qui visent à soutenir les personnes issues des régions ou de milieux socio-économiques variés.
La cérémonie a commencé avec les mots sentis du Dr François Paquet, qui s’est exprimé avec humour et complicité sur les multiples talents de son ami et collègue, eux qui ont commencé à pratiquer la médecine d’urgence ensemble à Lévis en 1993 : « Julien, il ne parle pas fort. Vraiment pas fort. Vous devez vous approcher pour l’entendre. Et c’est là que vous êtes pris. Il a toute votre attention! Avec Julien, c’est souvent comme ça que ça commence. » Le ton était donné pour un événement touchant, chaleureux et intime, telle une grande réunion de famille.
Pour Marie Arsenault, qui lui a succédé comme doyenne en juillet dernier, son geste illustre parfaitement l’impact qu’il a eu sur la Faculté. « Julien est un homme en mouvement, qu’il ait couru 10km chaque jour pour venir au bureau en est un exemple éloquent, a-t-elle témoigné. J’ai de grands souliers à chausser, mais c’est une fierté pour moi de poursuivre ce qu’il a accompli. Il a façonné notre faculté pour la rendre plus moderne et engagée que jamais. »
Du côté de la Faculté d’aménagement, d’architecture, d’art et de design, le doyen Frédéric Lépinay a salué le caractère novateur de son don, qui permettra de créer un programme mariant l’illustration et la bande dessinée : « C’est une idée à la fois originale et profondément porteuse. Je suis emballé par ce projet unique, qui se trouve au croisement de la science, de l’art et du design. Un pont entre les disciplines pourra continuer de se construire. »
La fierté familiale
Un moment particulièrement mémorable a été le touchant témoignage du père de Julien, Alfred Poitras. « Mon fils est un urgentologue renommé, un bédéiste passionné, un grand philanthrope, mais il est aussi un champion de la hache et de la scie mécanique! », a-t-il confié en référence aux matins où ils bûchent ensemble sur la terre à bois de Julien. « Il est toujours de bonne humeur, je suis un papa fier et heureux », a-t-il poursuivi.
Un modèle de philanthropie
Autre fait rare sur ce grand homme : Julien Poitras est devenu le tout premier doyen à l’Université Laval à devenir un Cent-Associé. Caroline Girard, cheffe de la Direction de la philanthropie et des relations avec les diplômées et diplômés, a tenu à souligner son apport à la culture philanthropique universitaire : « Tu as toujours été un allié naturel pour notre équipe. Tu as su porter ce message comme doyen et aujourd’hui, comme philanthrope, tu montres l’exemple et inspires tout un élan dans ta faculté! »
La rectrice Sophie D’Amours a eu le mot de la fin, livrant un message empreint de gratitude. « Julien, tu nous rappelles que l’engagement ne connaît pas de frontières : tu le portes avec toi dans toutes les sphères de ta vie et même auprès de ta famille. Car tu nous l’as répété, ton legs est une décision familiale conjointe. Tu as impliqué toute ta famille dans ce geste du cœur et tu montres que la philanthropie est plus qu’un don, c’est aussi une discussion », a-t-elle raconté.
Une soirée immortalisée à l’encre
Au-delà des mots, il y a aussi eu de ces moments que la parole ne peut retranscrire. La soirée s’est conclue par la remise d’un livre souvenir retraçant la vie et la carrière de Julien Poitras, de son enfance à Baie-Sainte-Catherine jusqu’à son entrée dans le programme Les Cent-Associés.
Fidèle à sa fibre artistique, Julien Poitras a pris le temps de dédicacer sa plus récente œuvre, Le poids de nos traces. Si, de l’aveu de son ami François Paquet, son écriture n’a jamais été la plus simple à déchiffrer, le cœur et la passion y étaient. Et qu’importe la lisibilité, ses mots porteront toujours la même empreinte : celle d’un homme qui, qu’il tienne un stéthoscope, une hache ou un crayon, réussit toujours à laisser sa marque.
Source : Article sur ULaval Nouvelles