Le 15 octobre dernier, la rectrice de l’Université Laval, Sophie D’Amours, a animé un panel avec trois personnalités diplômées lors de l’Apéro ULaval, une activité phare de la Semaine ULaval pour toujours.
Ces diplômées et diplômés ont été nommés parmi les Remarquées et Remarqués de l’Université Laval 2024, une nouvelle reconnaissance lancée par la Direction de la philanthropie et des relations avec les diplômés, qui vise à mettre en valeur des diplômés qui ont reçu une distinction au cours de l’année.
Pour cette édition de l’activité, la rectrice a accueilli :
- Me Anne-Marie Naud, associée, cheffe du groupe de droit des sociétés et droit commercial et cocheffe du groupe alimentation, boissons et industrie agroalimentaire chez Fasken. Diplômée en droit, elle est récipiendaire du Prix Leadership de l’Association des femmes en finances du Québec;
- Charles-Frédérick Ouellet, photographe documentaire. Diplômé à la maîtrise en arts visuels, il est lauréat du World Press Photo 2024;
- Mme Marie-Hélène Larochelle, professeure titulaire à l’Université de York et autrice. Diplômée en études et pratiques littéraires, elle est la première lauréate du Prix littéraire Janette-Bertrand.
Se distinguer par l’audace et la rigueur
Dans des domaines aussi compétitifs que le droit, les arts visuels et la littérature, les trois diplômés ont su se démarquer par leur engagement profond et leur volonté de transformation.
Marie-Hélène Larochelle enseigne une littérature qui confronte, en abordant des thèmes comme la violence et l’horreur. Ces sujets sont aussi au cœur de ses romans, comme dans Toronto jamais bleue, qui dénonce les inégalités sociales en suivant la vie d’une jeune prostituée. « Ce n’est pas une littérature de divertissement, mais bien une littérature qui oblige à se dépasser et à se plonger dans un inconfort. »
De son côté, Charles-Frédérick Ouellet parle de son engagement qui « frise l’acharnement » : « Aller juste un peu plus loin, ça peut faire une différence. »
Pour sa part, Anne-Marie Naud incarne la passion et le leadership dans sa pratique, dans un milieu encore majoritairement masculin. Fière d’avoir pu conjuguer sa vie professionnelle et personnelle avec doigté, elle affirme : « Peu de femmes ont tant de longévité dans la pratique privée, et j’essaie d’insuffler aux jeunes femmes que c’est possible. »

La rectrice, Sophie D’Amours, et la personnalité diplômée 2024, Anne-Marie Naud.
L’Université Laval, un point d’ancrage tout au long de la vie
L’Université Laval représente un lieu de premiers pas, de croissance et de connexion pour les trois panélistes, et ce, à différentes étapes de leur vie.
Marie-Hélène Larochelle raconte avoir « grandi au pavillon Vachon » aux côtés de son père, professeur de biologie. Elle se souvient aussi avec reconnaissance d’un professeur du baccalauréat qui l’a conseillée au début de son doctorat en France : « Il m’a suggéré une cotutelle de thèse. Il m’a épaulée avec générosité. »
Pour Charles-Frédérick Ouellet, la maîtrise s’est présentée à un moment opportun, après plus de 20 ans à évoluer comme photographe. « J’y suis arrivé avec une disponibilité intellectuelle. Je ressentais un certain blocage dans ma pratique, et j’ai pu utiliser ces années comme un laboratoire, un terrain d’exploration », explique-t-il.

Charles-Frédérick Ouellet, photographe et personnalité diplômée 2024, présent à l’entretien à distance et projeté sur grand écran, lors de l’Apéro ULaval pour toujours.
Alors que l’Université Laval a marqué les premiers pas de la fructueuse carrière d’Anne-Marie Naud, elle a remis les pieds à l’Université pour suivre le cours Leader authentique, offert à la FSA ULaval : « Cette démarche personnelle visait à redéfinir ma place dans le monde des affaires. Ce cours m’a permis de m’ancrer à nouveau. »
L’inspiration et des moments de transformation
Plusieurs moments forts et des rencontres marquantes ont jalonné leur parcours, nourrissant leur inspiration.
Mme Larochelle évoque sa rencontre avec Janette Bertrand, figure marquante du féminisme au Québec. « Elle a toujours eu cette modestie et cette puissance. À 100 ans, elle fait toujours entendre sa voix. C’est très inspirant. »

Marie-Hélène Larochelle, professeure de littérature à l’Université York et personnalité diplômée 2024, lors de l’entretien de l’Apéro ULaval pour toujours.
De son côté, Me Naud se souvient d’une soirée où son équipe a reçu un appel pour une transaction qui devait être réalisée overnight – c’est-à-dire une opération financière qui reste ouverte au-delà de la clôture des marchés, généralement jusqu’au lendemain –, une des premières de ce type à Québec. Au-delà de l’apprentissage rapide que son équipe a dû faire, c’est l’audace de se « lancer dans le vide » qui a marqué son esprit.
« Au cours de ma carrière, j’ai réalisé que ça fait une différence dans un parcours: de se lancer sans filet de sécurité. »
M. Ouellet raconte un souvenir sur un bateau de pêcheurs, alors qu’il travaillait sur un projet sur le fleuve Saint-Laurent. « J’ai constaté que les pêcheurs étaient capables de décoder la journée en observant les éléments naturels. C’est là que j’ai pris conscience que je devais modifier ma manière de photographier, en étant davantage dans le ressenti. Ça me revient souvent à l’esprit lorsque je suis sur le terrain. »
Tracer sa voie: entre résilience et transmission du savoir
Au-delà des bons coups, ce sont les échecs et le courage de recommencer qui ont permis aux panélistes de se redéfinir.
« En arts visuels, on construit beaucoup sur l’échec. L’accumulation d’échecs permet de tracer sa voie, de confronter et de renouveler son regard », observe Charles-Frédérick Ouellet.
Madame Larochelle se remémore avec un sourire des tout débuts de son baccalauréat : « Je pensais que je n’avais pas besoin d’études en littérature… mais en constatant mes notes, j’ai dû leur accorder plus de temps! J’ai fini par y arriver, mais ça demande une certaine volonté. »
Aujourd’hui professeure, elle insiste sur l’importance de transmettre cette résilience aux nouvelles générations : « Elles s’attendent à ce que l’excellence soit rapide, immédiate et satisfaisante. Mais la réussite, c’est d’être passé par-dessus les échecs et d’avoir persévéré. »
Cette rencontre, empreinte d’authenticité et de profondeur, s’est prolongée autour d’un cocktail, offrant aux invités un moment privilégié pour poursuivre les échanges et tisser des liens durables.

De gauche à droite: Sophie D’Amours, rectrice del’Université Laval, Marie-Hélène Larochelle, Anne-Marie Naud, Caroline Girard, cheffe de la direction de la philanthropie et des relations avec les diplômées et diplômés et Jean-Sébastien Sirois, conseiller en communication.