Jean-Marc Bouffard et Mariette Mireault forment un couple soudé qui, à travers les épreuves, a toujours nourri ses valeurs de partage et d’ouverture aux autres. Le récent décès de leur fille Marie-Pierre les a amenés à transformer leur don testamentaire à la Faculté de médecine en un don de leur vivant, un hommage qui permettra de perpétuer sa mémoire. Tous deux diplômés de l’Université Laval, Jean‑Marc Bouffard et Mariette Mireault se sont rencontrés en Outaouais il y a une soixantaine d’années et ont fait carrière dans le milieu de l’éducation. Originaire de l’Abitibi, Mme Mireault a enseigné de la première année du primaire jusqu’à l’université. M. Bouffard, lui, a été professeur puis directeur d’école. Né dans le quartier Saint-Sauveur à Québec, il a grandi au sein d’un milieu « ouvrier et défavorisé ». Enfant, il servait la messe deux fois le dimanche pour gagner quelques sous qu’il utilisait en retournant chez lui pour aider sa famille. « J’arrêtais à la boulangerie pour acheter un pain que je rapportais à ma mère, se souvient-il. Ça me rendait fier. J’ai réalisé que si à 7 ans, j’étais capable de faire ma part, je saurais me débrouiller dans la vie et redonner. »
Une solidarité qui se façonne au fil des expériences
Quant à madame Mireault, elle a toujours eu un talent naturel pour rassembler les gens, créant autour d’elle une atmosphère de convivialité et de partage. À la retraite, le couple s’installe sur l’Île d’Orléans, terre d’origine de la famille Bouffard, et lance un projet inattendu. « On cherchait une petite maison au bord de l’eau, mais il n’y avait que des vastes demeures, confie Mme Mireault. Alors, on a acheté une maison de six chambres et eu l’idée d’ouvrir un gîte. » Passionné d’histoire, Jean-Marc Bouffard y trouve l’occasion de découvrir d’autres cultures et récits humains : « Nous avons reçu des visiteurs de partout, avec le désir qu’ils repartent en se disant que les Québécois sont des gens accueillants et agréables. » Toute leur vie, ils ont porté cette conviction qu’aider les autres et créer des liens enrichit autant celui qui donne que celui qui reçoit. Ce désir de faire une différence s’est renforcé lorsque leur fille est née, changeant leurs vies comme jamais ils ne l’auraient imaginé. « Notre Marie-Pierre était atteinte de trisomie. Elle a toujours été une femme d’une gentillesse et d’une pureté absolues, une enfant éternelle qui n’a jamais cessé d’être aimée, se souvient Mme Mireault. Au fil du temps, elle prenait de l’âge, et en rédigeant notre testament, je me disais qu’il manquait une continuité à notre famille. »

Une réflexion philanthropique en évolution
Jean-Marc Bouffard et Mariette Mireault ont amorcé leur réflexion philanthropique à l’Université Laval dès 2007. Au fil des années, leur projet a mûri, guidé par l’écoute, l’empathie et des échanges avec la Faculté de médecine afin que leur don soit le reflet de leur histoire et de leurs valeurs. C’est il y a un an, quand Marie-Pierre est décédée d’un cancer du sein à 49 ans, que le couple a réévalué son engagement. « Nous avions tout prévu pour que Marie-Pierre ne manque de rien. On n’avait jamais pensé qu’elle partirait avant nous. Avec le deuil, on a décidé de ne plus attendre et de transformer notre legs en un don de notre vivant », raconte Mme Mireault.

Un don porteur de sens
Leur choix s’est arrêté sur le programme de bourses ENVOL, qui soutient des jeunes de milieux défavorisés dans l’accès aux études supérieures en sciences de la santé. « On a fait notre carrière en éducation, alors on en connaît toute sa valeur pour faire grandir la société », affirme la donatrice. À ses côtés, son mari explique l’essence même de leur engagement : « Nous donnons à ceux qui nous ont nourris intellectuellement, spirituellement, artistiquement et humainement. Favoriser l’accès aux études en médecine, c’est notre façon d’aider à former des médecins engagés, qui feront avancer le savoir et accompagneront les familles confrontées aux mêmes défis que nous avons vécus. » M. Bouffard et Mme Mireault aimeraient que leur geste inspire celles et ceux qui ont les moyens de redonner à la société qui les a soutenus et façonnés. Ils ne sont pas médecins, mais ils sont convaincus qu’investir dans la formation de la relève en santé est une des meilleures façons de contribuer au bien-être collectif.